// BOREALIS

 

Les références circulaires aux tondi – aux peintures réalisées sur un support de format rond - est une invitation à l’ailleurs évidente. Les origines de l’image photographique le sont beaucoup moins et laissent planer un doute fondé quant à la véracité des ciels nocturnes photographiés. 

 

L’image n’est pas issue d’une prise de vue unique, mais d’un jeu avec l’illusion, induit par son étymologie du latin illudere, à savoir jouer, tromper, abuser. La réalisation des photographies à partir de multiples clichés effectués dans le grand nord, au bord de l’eau comme dans les cieux induit un biais avec la réalité. Il interroge l’essence de l’image photographique, sa nature, mais également sa force d’illusion. 

 

Par la modification de sa surface, l’image photographique prend à défaut le fonctionnement des sens. Face à ces deux séries la seule certitude est d’être face à une image, ou plutôt à des images. Chaque photographie se joue en effet de la tension perceptive produite face aux mirages ou aux aurores boréales.

 

Même si à première vue le mirage n’est pas une illusion, il le devient lorsque l’œil interprète les tremblements de l’air et ses reflets comme une étendue d’eau, lorsque le cerveau humain assoiffé dans le désert croit en la possibilité d’un oasis. Les photographies célestes se jouent ainsi du réel, de ses reflets, de ses bruissements et de ses mirages pour constituer des mondes célestes flirtant avec des non-lieux. 

 

Tel un mythe d’alcyon contemporain, l’artiste nous livre dans ses ciels, deux états célestes en suspens. Ils résonnent avec la mythologie grecque et le sursis qui pèse sur ces oiseaux légendaires, comme sur ses ciels pris entre calme et tourmente. Ils bruissent également dans sa dernière série d’un silence inoubliable, d’une oscillation  sublime, celle des verts bleutés des aurores boréales qui dansent et percent les ténèbres pour ouvrir vers autant d’hétérotopies, de refuges pour nos illusions.